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Bordeaux Métropole millionnaire !
Les responsables politiques de ces dernières années ont inscrit cet objectif pour les années à venir. En 2030, nous devrions donc atteindre le million d’habitants sur notre agglomération. Et après?
Rappel historique
Qu’est-ce qui a bien pu pousser nos décideurs à vouloir à marche forcée atteindre ce nombre symbolique ? Initiée par un accord entre Vincent Feltesse, alors ancien président PS de la CUB (Communauté urbaine de Bordeaux) et Alain Juppé, le maire LR de Bordeaux l’idée, selon eux, était de faire rentrer notre agglomération dans le cercle restreint de grandes métropoles européennes Chacun avançait ses arguments. Le premier, pour éviter l’étalement urbain et faire revenir les périurbains près des lieux de travail, le second pour peser sur la scène des grandes métropoles internationales et asseoir peut être aussi un peu, à l’époque, sa stature présidentielle…
On s’aperçoit aujourd’hui que ces arguments ne tiennent plus la route.
Avec le prix du foncier qui flambe du fait de la spéculation immobilière, les habitants que l’on a cherché à attirer ne trouvent plus à se loger et cherchent donc plus loin la maison de leur rêve…Raté, pour ce qui est de l’étalement urbain.
Pour ce qui est de la volonté de faire rentrer Bordeaux dans la cour des grandes métropoles, cela n’a pas eu que des avantages…
Une augmentation de la population impose aussi des infrastructures qui suivent les besoins. Nouveaux ponts sur la Garonne, nouvelles lignes de tramway, nouveau stade, agrandissement de la rocade, nouvelle salle de spectacle, quartiers entiers qui sortent de terre à la vitesse de la LGV: être une métropole européenne impose des contraintes financières non négligeables.
Au final, la recherche de nouvelles populations permet surtout d’ augmenter les ressources fiscales pour financer plus facilement tous ces projets. La croissance à tout prix pour surtout ne pas ralentir au risque de faire payer plus cher aux contribuables toutes les infrastructures nécessaires au projet métropolitain.
Sacré dilemme!
Ainsi soit le mouvement enclenché ralentit et on alourdit les impôts des habitants de l’agglomération , soit on continue sur ce même rythme en augmentant les besoins en infrastructures et les investissements… A l’image, en quelque sorte, de notre société de consommation et des vertus de cette satanée croissance mais certainement très loin d’une gestion durable et soutenable de la métropole.
Ces dernières années, Bordeaux, dans ce cycle « vertueux » se vend bien. Le BTP est florissant, la spéculation immobilière prospère, la capitale girondine attire les investisseurs et les emplois. Le million est à portée de vue. Mais cette dynamique est-elle aussi vertueuse que l’on veut bien nous la vendre ?
Récemment un plan écoles et un plan piscines viennent d’être budgétisés par les élus communautaires pour parer à l’urgence. Si les nouveaux quartiers sortent de terre, les équipements publics font défaut et manquent cruellement dans bon nombre de communes.
Le million, c’est toujours plus de déplacements. Bordeaux est ainsi devenue la 3 eme ville la plus embouteillée de France car l ‘automobile reste toujours le mode de transport privilégié pour les déplacements quotidiens.
Le million, sous entend aussi la densification de la ville. Densifier la ville, cela passe, dans une ville déjà très minérale, par un travail sur les hauteurs des bâtiments, sur le resserrement des trames urbaines mais hélas parfois aussi par la réduction des trop rares espaces naturels ou espaces verts. Le quartier du Ginko, le grand stade, le projet d’urbanisation de la zone humide de la Jallère autour du grand stade sont des projets urbains qui le prouvent tristement.
Jour après jour les habitants de Bordeaux découvrent le revers de la médaille. Tensions sur le marché de l’immobilier, constructions , circulation difficile, espaces verts réduits, écoles modulaires, déficits de bâtiments publics, … la marche forcée vers le million impose aux Bordelais un cadre de vie qui ne se révèle pas toujours à la hauteur du Bordeaux durable vendu par les guides touristiques.
Au final, le million pourquoi faire?
Déjà classée septième agglomération en France derrière Paris, Marseille, Lyon, Lille, Nice et Toulouse, Bordeaux se rêve donc toujours plus grand en population.
Pourtant selon feu la Datar, ( Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale ) :«Si l’on compare le rang des villes françaises à leur population, on s’aperçoit que leur rayonnement est supérieur à celui que leur poids démographique permettrait d’espérer».
Tout ceci apparaît bien ainsi comme un pur fantasme symbolique, sans aucune justification administrative en ce qui conserne le nombre d’habitants. La renommée actuelle de Bordeaux le prouve aisément et sans attendre l’ objectif démographique de 2030.