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Notre métropole est-elle encore capable de préserver les derniers espaces naturels sur son territoire?
La question est encore , hélas, d’actualité quand on voit les projets qui se sont développés ces derniers mois et qui grignotent lentement et sûrement: bois, zones de pâturage, zones Natura 2000, faune et flore sauvages ainsi que zones maraîchères.
En effet, malgré la communication autour du fameux slogan « 55 000 hectares pour la nature », initiée par Bordeaux métropole, pour une meilleure prise en compte de la nature en ville, il semble que la pression des investisseurs de tous poils, soit plus forte que la défense des derniers espaces naturels. Les maires succombent en effet, bien trop souvent, aux sirènes des investisseurs toujours plus gourmands.
Petit rappel de quelques faits, récents, vécus sur notre Métropole.
A Bruges, c’est déjà la Cistude, espèce protégée qui avait fait les frais d’un chantier démarré par le transporteur Ducros sur la zone de fret qui jouxte la réserve naturelle. A l’époque, c’est la CUB (communauté urbaine) qui avait vendu la parcelle à cette société; manque de chance pour les marais de Bruges, classés Natura 2000 et la tortue aquatique continentale, seule espèce recensée en France métropolitaine.
Au Taillan-Médoc , c’est une déviation routière de 7 850 mètres qui doit recouvrir 11,5 hectares de zones humides sur lesquelles ont été répertoriées plus de 78 espèces protégées ( papillon, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères ) C’est France Nature Environnement et la SEPANSO Gironde qui ont attaqué cette décision au tribunal administratif et ont réussi à arrêter les travaux. Le Conseil départemental de Gironde et l’Etat ont malheureusement depuis fait appel de cette décision.
En Février, à Mérignac, c’est le maire qui tente d’empêcher un centre d’équitation de s’installer sur sa commune. A l’origine, c’est la SAFER (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) qui a validé cette installation. Si le projet respecte globalement les 50 ha préemptés, on peut regretter que sur ces anciennes terres d’ exploitations agricoles, la collectivité ne puisse élaborer un projet durable d’agriculture urbaine. Surtout que l’autosuffisance alimentaire de la Métropole n’est que de un à deux jours… Le dossier reste aujourd’hui en suspens, la mairie ayant écrit au ministre de l’agriculture. Rappelons que cette commune n’a pas toujours été aussi exemplaire en la matière, avec, par exemple, la construction de l’usine Thalès sur une zone humide.
En Avril, à Talence, c’est le maire qui autorise en plein bois de Thouars, espace boisé classé, la construction d’un parcours acrobatique en hauteur par la SARL Acro-Trampoline. Des arbres sont utilisés pour les parcours et percés pour y enfoncer les attaches nécessaires à l’animation, quand ils ne sont tout simplement coupés… Mais il semble que les ambitions « xylophages » du maire ne s’arrêtent pas là … La révision du PLU (plan local d’urbanisme) annonce déjà la possibilité du détachement d’une zone boisée ainsi que la construction de multiples constructions sur ces surfaces naturelles…
A Bordeaux, si le Matmut Alantique a bel et bien écrasé définitivement la Znieff existante (zone naturelle d’intérêt floristique et faunistique ), ce stade continue de faire des ravages, côté nature. C’est maintenant autour de cette nouvelle enceinte sportive que les promoteurs lorgnent. L’ilot de La Jallère, actuellement occupé par Groupama-Gan, représente plus de 9 hectares de zones humides, classées inconstructibles en raison de forts risques d’inondations. Pour contourner cette difficulté, les promoteurs ont donc proposé au maire de Bordeaux un projet d’habitations sur pilotis…
A Villenave d’Ornon, c’est le maire Patrick Pujol qui relance la frénésie immobilière sur le domaine de Geneste dit de la plantation.( 100 hectares dont 20 en plan d’eau). En bordure de Garonne, situées au sud de la zone commerciale des Rives d’Arcins de Bègles, ces terres en zone humide, classées Natura 2000, sont dans les cartons de plusieurs promoteurs immobiliers depuis les années 80. A l’origine , c’est Claude Bez, le fils de l’ancien président de Girondins de Bordeaux qui lance l’idée. Mais empêtré dans des problèmes judiciaires et les nombreux recours portés par les défenseurs de l’environnement, ce chef d’entreprise abandonne l’affaire dans les années 90. Cependant le grignotage de ces terres naturelles reste d’actualité d’autant que la construction d’un bâtiment de quatorze étages sur les restes d’une ancienne ferme a déjà largement entamé la zone naturelle.
Aujourd’hui, le projet annoncé par le promoteur Vizzion Europe est à nouveau, celui d’ un projet immobilier adossé à un projet de golf. Pourtant avec déjà dix golfs à moins de 1h30 de Bordeaux, notre métropole n’est pas en manque de surfaces pour les amateurs de ce sport… Mais la justification du golf n’est là que pour mieux permettre d’étoffer l’offre et de vendre aux futurs investisseurs un nouveau quartier urbanisée avec commerces, hôtels, résidence de services sur ces zones naturelles tout près des Rives d’Arcins de Bègles.
Alors les « 55 000 hectares pour la nature », c’est pour quand?
Quand on lit , l’éditorial du président de Bordeaux Métropole dans « espèces de Métropole », la revue de la collectivité pour un atlas de la diversité, on y apprend « que la moitié de notre territoire -soit 38 000 hectares-est constitué d’espaces naturels »... On se dit qu’il y a donc urgence à recenser les zones naturelles et à les à défendre pour faire en sorte que la pression immobilière ne réduise pas encore plus ces derniers espaces que certains maires sont prêts à brader au nom de l’emploi ou du développement économique!